Réflexes et apprentissages
Les activités d'apprentissage nécessitent de s’intéresser à différents aspects indispensables et complémentaires:
Le développement moteur, le développement émotionnel et le développement cognitif.
Le développement moteur et le développement émotionnel sont les fondations qui permettent aux enfants d'accéder à tout leur potentiel.
La période in-utéro et les premières années de vie de l'enfant sont cruciales pour lui assurer un développement global efficient et lui permettre de grandir harmonieusement.
Sur le plan moteur, l'enfant va passer un grand nombre d'étapes à travers son activité motrice involontaire, puis contrôlée.
Sur le plan émotionnel, l'enfant va construire sa sécurité intérieure pour lui permettre d'évoluer dans la vie avec confiance et sérénité.
Une activité motrice adaptée et une éducation bienveillante vont permettre au bébé de maturer progressivement les différentes parties de son cerveau et assurer l'intégration de ses réflexes archaïques, garants de son développement affectif (relations, émotions) et cognitif (pensées, mémoire, apprentissage).
Ils lui sont indispensables pour poser les fondements de l'apprentissage.
Le cerveau comprend deux hémisphères reliés entre eux par le corps calleux.
Chaque hémisphère traite l'information de façon spécifique.
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Le cerveau logique (généralement le gauche) :
Analyse, planifie, structure, pensée linéaire, travaille avec les chiffres, orientation langage, contrôle ses émotions, préfère l'autorité structurée, hiérarchique, réceptif à un environnement structuré...
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Le cerveau gestalt (généralement le droit) :
Intuitif, spontané, pensée simultanée, se souvient de visage, de voix, images, apprend par expérience, préfère dessiner, manipuler, flexible, tolérant, pas le sens du temps, attitude à laisser-faire, préfère l'autorité participative...
Plus nous avons accès à nos deux hémisphères et plus nous sommes capables de fonctionner intelligemment. Il est donc nécessaire d'utiliser les deux hémisphères du cerveau pour être au maximum de ses compétences (quelque soit le domaine).
Par exemple en ce qui concerne la lecture, l'écriture et le langage, de bonnes connexions du cerveau entre les deux hémisphères sont nécessaires.
Le cerveau logique va choisir le mot ou la phrase juste, ce qui va activer le cortex visuel pour en reconnaître l'orthographe, le cortex auditif pour en entendre la prononciation, d'autres zones dans les régions associatives du cortex pour le relier à d'autres connaissances.
Le cerveau gestalt va l'imager et rendre l'émotion. C'est cette collaboration cérébrale qui va permettre une facilité de lecture et d'écriture mais également de comprendre et d'être créatif à partir de ce qui est lu.
Il s'agit donc de développer et/ou renforcer les fondations indispensables aux apprentissages que sont les sens auditifs, visuels, vestibulaires et kinesthésiques des deux hémisphères.
Cela va pouvoir se produire grâce à une activité motrice et sensorielle importante:
En grandissant les enfants ont besoin de pouvoir bouger, sauter, rouler, toucher, mettre à la bouche, se "traîner" par terre... Cela fait partie des apprentissages indispensables dont ils ont besoin pour développer leurs sens, leur coordination, leur équilibre, leur motricité globale puis fine.
Les activités en plein air permettent plus facilement d'explorer son corps et le mouvement et renforcent ainsi, dans le jeu et le plaisir, le développement moteur.
Les activités sensorielles : Les activités sportives (motricité, coordination, équilibre, vision), les activités musicales (système auditif, attentionnel), les activités manuelles (motricité fine, vision, coordination) sont complémentaires et renforcent le développement du cerveau.
En ce qui concerne le développement émotionnel et les apprentissages les dernières recherches en neurosciences nous montrent que le stress est extrêmement nocif pour l'apprentissage.
Il génère une trop grande sécrétion de cortisol (hormones de stress) qui va détruire des neurones dans l'hippocampe, ce qui affaiblit la mémoire et perturbe l'apprentissage.
Le cortisol active l'amygdale qui est le centre de la peur. L'esprit, paralysé par la peur n'est plus en capacité d'écouter et d'apprendre.
Le stress a donc un effet désastreux sur l'apprentissage et la mémoire et peut également altérer certaines zones cérébrales chez l'enfant par la destruction de neurones dans l'hippocampe, dans le cortex-préfrontal et dans le corps calleux (qui permet le bon fonctionnement entre les deux hémisphères).
Une diminution de l'activité cérébrale dans le cortex préfrontal affecte la concentration, l'attention, l'activité motrice et l'aptitude à réfléchir avant d'agir.
C'est ce que l'on appelle le déficit d'attention accompagné d'hyperactivité (TDAH).
Le maternage et une attitude soutenante dans la petite enfance (prendre soin, rassurer, sécuriser, consoler) favorisent le développement de l'hippocampe.
Au contraire, la maltraitance verbale et physique ("tu es insupportable", "tu es nul", les gifles, les fessées...) diminuent le volume de l'hippocampe et donc la capacité à apprendre et à mémoriser.
La bienveillance est nécessaire pour favoriser l'apprentissage.
L'exploration et l'expression des émotions constituent une stimulation nécessaire au développement du système limbique (cerveau émotionnel) et des liens qu'il entretient avec les autres régions du cerveau.
Refouler et nier les émotions dans la durée peut déclencher une libération chronique d'hormones de stress, inhiber l'apprentissage, la mémoire.
Il est nécessaire de pouvoir exprimer ses émotions pour pouvoir réguler son stress, se sentir en sécurité, grandir en confiance et apprendre dans le plaisir.
Ce qu'il faut encourager :
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L'exploration sensorielle chez l'enfant : auditive, visuelle et kinésthésique.
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Le jeu sous toutes ses formes : d'imitation, d'imagination, corporelle, de société...
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La pratique d'activités en plein air et/ou la pratique sportive.
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Une attitude bienveillante, encourageante et soutenante face aux apprentissages de l'enfant.
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Respecter le rythme de l’enfant : lui laisser plus de temps, lui en demander un peu moins.
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Valoriser ses réussites.
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S’adapter pour que l’objectif soit atteignable.
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« Epurer » la tâche à accomplir, limiter les affichages…
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Mettre un support sous les pieds pour être en appui, bien à plat.
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Boire de l’eau avant d’aller à l’école ou de faire les devoirs.
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Permettre à l’enfant de bouger en apprenant sa leçon ou sa poésie. (Mettre un petit coussin d’air sur sa chaise peut aider).
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Soutenir les efforts des enfants et les encourager à faire du mieux qu'ils peuvent.
Ce qu'il faut éviter :
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Dire à l’enfant de se dépêcher car cela génère du stress qui perturbe ses facultés d'expérience et d'apprentissage.
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Humilier l’enfant, le rabaisser, le dénigrer, cela détruit l'estime de soi, la confiance en soi et diminue ses capacités d'apprentissage.
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Etre trop exigeant, cela peut décourager l’enfant ou lui faire sentir qu'il n'est pas à la hauteur.
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Eviter les sur-stimulations, notamment visuelles. Débordé, l'enfant entre en stress et perd ses moyens.
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Eviter les tensions en lui demandant de rester assis sans bouger, de se tenir droit… Souvent les enfants apprennent mieux en bougeant ou en malaxant quelque chose.
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De focaliser sur les notes et de comparer les résultats avec ceux des copains ou du grand frère... Chacun est différent et apprend à son rythme.
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De mettre de la pression sur la réussite scolaire. Un enfant heureux et serein apprendra naturellement et facilement alors qu'un enfant anxieux et stressé accèdera difficilement aux apprentissage.
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D'inciter l'enfant à ne s'intéresser qu'aux apprentissages "intellectuels". Pour accéder à tout son potentiel cognitif l'enfant doit développer tous ses sens, à travers, le sport, la musique, la peinture, les activités manuelles...
Martine Le Mercier - 2020